LES MOTS PROPRES
ASTIQUER. Aimer pour faire briller.
ATELIER. Dans ce champ du quotidien, j’ai raclé, curé, balayé, lavé, encaustiqué, astiqué. Enclave de propreté, le parquet de mon atelier est là, sous mes pieds, déjà au bord de la saleté, du négligé.
BABEL. De la tour effondrée, la poussière est née.
BALAI. Le balai dialogue avec la maison et les objets. Parfois, il tente de se glisser sous les meubles pour être plus efficace. Il peut y avoir un aspirateur mais avec son encombrement et son bruit, il est un autre. Le balai est encore soi.
BALAYER. Balayer c’est nommer, délimiter mon quotidien, ne pas oublier mon champ de vie. C’est le plaisir de rendre propre pour être dans un lieu défini par l’absence de poussière, de déchet. Entre rituel et discipline, le balayage est un support à la réflexion et, parfois, un moyen de mise à distance. Comme un sportif, être concentré et méthodique, pour la propreté.
BASSINE. J’ai toujours à l’œil le fond de la bassine quand je lave les sols. Il faut qu’il soit là, proche, pour rendre encore plus propres les carrelages de la maison. Perdre de vue le fond de la bassine, c’est voir s’éloigner un horizon sans tache.
BLANCHE. La campagne est blanche, la ville est blanche, la forêt est blanche, la montagne est blanche. Avec sa grande couverture de neige, la Pologne est blanche.
CAMP. Il a fait beau dans les camps au printemps. L’herbe verte, le soleil doux et les vivants. Au bord de la route, au bord de nous, il y a eu des malfaisants pour faire les camps.
CHAMP. Labourés, cultivés et toujours honorés, les champs du Nord ont retrouvé la paix.
CIEL. Je n’irai pas au ciel, je veux rester sur terre. Sur l’herbe des prés, dans la tourbe des marais, dans l’eau de la Loire et de l’Atlantique.
CIMETIÈRE. Allongés là, sous nos pieds, les corps fragiles, presque disparus sous la pierre lourde, sont rangés.
COULEUR. Je n’étais pas une couleur, je suis devenu blanc à Kinshasa.
CRÉER. Être heureux et intense comme un amoureux.
CREUSER. Une bonne pelle et une bonne pioche pour une belle tombe.